France : portraits

Mic Moisseeff, sculpteur d’arômes

Mic a toujours été intéressé par la compréhension des sens et de la conscience. Après un doctorat sur la manière dont les plantes fabriquent leur parfum, il est devenu aromaticien pour le secteur alimentaire. En parallèle, il produisait et distillait des huiles essentielles. Spécialiste dans le domaine des odeurs, il reconstitue aujourd’hui des ambiances olfactives pour des musées, des centres culturels ou des événements. Il privilégie les matières premières naturelles dans ses préparations et utilise beaucoup les huiles essentielles. Je suis allée le rencontrer chez lui dans la région de Toulouse. Il y a installé son atelier et a créé un jardin de plantes ramenées des quatre coins du monde ainsi qu’un musée entièrement dédié aux odeurs.


Marie-Thérèse Esneault

Marie-Thérèse a commencé dans les prisons comme musicothérapeute. Elle y avait même monté un petit groupe. Petit à petit mais principalement suite à une rencontre avec un détenu, elle a réorienté sa pratique thérapeutique et s’est spécialisée dans les odeurs. Armée de sa petite valisette en bois, elle proposait aux détenus de choisir une odeur et de replonger avec eux dans les souvenirs qu’elle leur évoque.

 

Brésil-Salvador de Bahia : distillation du clou de girofle

Après avoir approché l’aromathérapie brésilienne, j’étais intéressée de me tourner vers la production et la distillation. Fabian m’a donc mis en contact avec un de ses fournisseurs. Quelques coups de fil et je suis partie pour Salvador de Bahia, au nord du Brésil. Sur place, j’étais attendue par Antonio. Producteur d’huiles essentielles est loin d’être son seul métier. Il est également économiste dans le secteur public, producteur de fruits et de légumes et fabricant d’arômes naturels. Il distille en très petite quantité et uniquement les plantes locales : girofle, gingembre, cannelle, …

Bolivie : road-trip avec Pedro, producteur d’huile d’eucalyptus

J’étais encore en Belgique lorsqu’on m’a parlé de Pedro, un producteur d’huiles essentielles bolivien. Quand je l’ai contacté, il a tout de suite accepté de me rencontrer. A l’origine, il est producteur d’huile essentielle d’eucalyptus mais il a diversifié son activité. En collaboration avec son épouse, Virginia, ils commercialisent des compléments alimentaires. Après avoir traversé une situation financière difficile, ils souhaitent développer la production et la distillation des huiles essentielles.

Pedro et Virginia sont Péruviens mais vivent en Bolivie depuis plus de quinze ans. Très attachés à leur pays d’origine, leur activité professionnelle oscille entre ces deux pays. J’ai donc retrouvé Pedro à Puno, au sud du Pérou, non loin du lac Titicaca. Il était convenu que nous visiterions divers endroits où est implantée leur activité. Notre visite a commencé à Pomata, la ville natale de Pedro. Nous sommes toujours au Pérou, à moins d’une demi-heure de la frontière bolivienne. Le couple a acheté un terrain où il compte installer une distillerie dans le courant de 2011.

 

Vietnam : dans les plantations

Une nouvelle région du monde : l’Asie du Sud-est, un nouveau pays, le Vietnam. Changement de décor, de climat, d’habitudes, de codes vestimentaires, d’alimentation, de monnaie. Bref, tout est à redécouvrir. C’est aussi cela qui fait la richesse d’un tour du monde, cette chance de découvrir différentes cultures dans un laps de temps assez court. Le Vietnam m’attirait depuis longtemps mais je n’en connaissais pas grand-chose. Comme à mon habitude, j’ai ouvert le Lonely Planet dans l’avion qui me conduisait à Hanoï. Histoire de savoir comment rejoindre le centre ville et chercher un hôtel. J’avais rendez-vous le soir même avec Cuong, mon contact vietnamien qui travaille dans la production des huiles essentielles. Il a été convenu que nous partions dans sa plantation le surlendemain. Il a donc profité de la journée du lendemain pour me faire une petite visite guidée d’Hanoï. Avant de quitter la Belgique, j’avais contacté Laurent Séverac, un Français qui vit au Vietnam depuis 20 ans et travaille dans les huiles essentielles. Il est en France durant mon passage au Vietnam mais il m’avait dit que son associé, Cuong, pouvait me faire visiter leur plantation. Il y a environ 12 ans, ce dernier est entré dans la société de Laurent en tant qu’assistant. A cette époque, il ne connaissait rien aux huiles essentielles. Progressivement, il a pris des responsabilités et est devenu l’associé de Laurent.

Inde – Ooty : huiles essentielles d’eucalyptus

Après mon séjour dans le Kerala, à la découverte de la médecine ayurvédique, je suis partie pour les Nilgiris, au sud de Bangalore. Cette région est située à près de 2500 mètres d’altitude. Elle est réputée pour ses plantations de thé, son agriculture et son climat clément. Je suis venue à Ooty parce que c’est la région des producteurs et des distillateurs d’huiles essentielles. Des forêts d’eucalyptus à perte de vue et des magasins en tout genre vendant principalement de l’huile essentielle d’eucalyptus. L’eucalyptus globulus est l’huile qui est majoritairement distillée dans les Nilgiris. Mais on trouve aussi beaucoup d’eucalyptus citriodora, de citronnelle ainsi que du lemongrass. Les producteurs cultivent également du basilic, du romarin et du thym qui sont destinés à la production d’huiles essentielles. Une huile qu’on trouve aussi beaucoup dans cette région, c’est la gaulthérie couchée. Très vite, je me suis rendue compte que cette gaulthérie n’avait rien de naturel. Elle est rose grenat et ne sens pas la vraie gaulthérie. Il m’a été confirmé par la suite que cette plante ne pousse pas dans les Nilgiris et qu’il s’agit d’une gaulthérie synthétique, préparée en laboratoire. C’était juste très étrange pour moi qu’elle soit vendue au même titre que les autres huiles essentielles naturelles.

Cette constatation est intéressante car elle nous parle de la manière dont les Indiens appréhendent les huiles essentielles. J’ai appris que seulement 20% des huiles essentielles produites à Ooty sont utilisées localement. 80% de la production est vendue à l’étranger ou utilisée par les laboratoires pharmaceutiques, le secteur cosmétique et la parfumerie. Dans les 20% locaux, très peu sont utilisés par les habitants des Nilgiris. Ces derniers emploient principalement l’eucalyptus pour soigner les maux de gorge et les rhumes ainsi que la gaulthérie pour les douleurs musculaires et articulaires. La plupart des huiles qu’on trouve dans les magasins d’Ooty sont achetées par les touristes (la plupart indiens car les Nilgiris sont une destination très prisée des Indiens en quête de fraicheur). Lors de leur séjour, ils achètent de l’huile essentielle d’eucalyptus qu’ils garderont, pour la plupart, pendant des années. Depuis mon arrivée en Inde, j’avais le sentiment que les Indiens connaissent peu et donc utilisent peu les huiles essentielles. Mon passage dans les Nilgiris et les échanges que j’ai pu avoir avec les locaux ont confirmé ce sentiment. L’Inde est bien un pays producteur d’huiles essentielles mais pas un pays utilisateur (ou en tout cas, en petite proportion).Néanmoins, l’aromathérapie commence à émerger en Inde : des massages aux huiles essentielles sont proposés, certains magasins en vendent comme par exemple celui de l’ashram de Pondicherry. De plus, les huiles essentielles sont utilisées dans les préparations ayurvédiques. Elles font partie des ingrédients entrant dans la composition des huiles médicinales.