Les bidonvilles de Bombay, c’est bien le projet le plus original, le plus insolite et le plus éprouvant auquel j’ai participé durant mon séjour en Inde. Je me suis rendue dans cette ville pour rencontrer Marie Berthelot, une jeune aromathérapeute française qui soigne dans les bidonvilles à l’aide des huiles essentielles. Il y a un peu plus de deux mois, elle a rejoint une ONG belge établie sur place : les Acupuncteurs aux Pieds Nus. Il y a un environ deux ans, Walter Fischer, l’initiateur du projet, a ouvert un petit dispensaire en bordure des bidonvilles où, pour l’équivalent de 0,30 cents, les populations pauvres pouvaient être soignées grâce à l’acupuncture. Pour répondre à une demande grandissante, il a déménagé dans une clinique plus grande l’été dernier. Cela lui permet de recevoir davantage de patients mais également d’agrandir son équipe. Son objectif est de former des locaux à cette pratique et d’ouvrir d’autres cliniques dans les bidonvilles plus pauvres. Pour ce faire, il recherche des acupuncteurs intéressés de venir partager leur expérience et de former des Indiens tout en découvrant l’acupuncture humanitaire. Walter prône une logique d’échange de pratiques et de savoirs. C’est dans cette optique que Marie est venue rejoindre l’équipe afin d’apporter son expertise sur les huiles essentielles et créer des ponts entre l’acupuncture et l’aromathérapie. Ces deux pratiques sont complémentaires car l’une permet de soigner où l’autre atteint ses limites. En plus des aiguilles disposées sur le corps des patients, Marie les traite à l’aide des huiles essentielles. Massage, réflexologie plantaire, olfactothérapie, voie orale, application cutanée, tout y passe. En complément de son travail au dispensaire, elle œuvre à faire connaitre l’aromathérapie.
Pour ce faire, elle se rend dans les bidonvilles accompagnée d’une travailleuse sociale et d’une traductrice. Elle parle avec les gens dans la rue et passe de maison en maison pour distribuer des prospectus et expliquer aux gens ce qu’est l’aromathérapie et en quoi elle peut les aider. J’ai eu la chance de partager le quotidien de Marie pendant une semaine, de passer du temps au dispensaire et de la suivre lors de sa prospection dans deux bibonvilles. C’était très touchant de voir la relation qui a pu se tisser entre Marie et certains patients. Un lien qui va bien au-delà des mots car la plupart ne parle pas l’anglais. J’ai en tête l’image d’une vieille dame qui souffre d’une polyarthrite rhumatoïde et que Marie masse, toutes les semaines, avec des huiles essentielles. Après son massage, cette dame a pris Marie dans ses bras pour la remercier. Même si nous ne comprenions pas ce qu’elle nous disait, il n’était pas nécessaire de parler hindi pour comprendre que ce traitement lui avait fait le plus grand bien. Les visites dans les bidonvilles ont aussi été des moments forts en émotion. Ce qui m’a surpris lorsque je suis entrée dans ces quartiers, c’est la propreté dans les rues mais également à l’intérieur des maisons. Ce qui m’a ensuite interpellée, c’est le manque d’espace et d’intimité. Environ huit personnes vivent dans 30 m². Dans cette pièce, ils mangent, dorment, cuisinent, font la lessive et la vaisselle. Mais ce qui m’a le plus surprise, c’est la gentillesse et l’accueil que ces gens nous ont réservé. Ils nous invitaient à nous asseoir par terre avec eux, nous offraient à boire et posaient beaucoup de questions sur l’aromathérapie. Plusieurs ont apporté leurs enfants à Marie pour lui montrer leurs bobos et voir ce qu’il était possible de faire.